Voilà, mon Dieu, le premier de vos bienfaits, c’est de m’avoir donné de tels parents. Vous avez fait plus encore, en leur donnant le secret de bien élever leurs fils. Au milieu de ses fatigues, put-on jamais accuser mon père de négliger nos études ? Notre mère manqua-t-elle de patience, de douceur, et cependant de fermeté ? Elle tenait toujours le -frein, et pourtant nous ne sentions jamais sa main peser sur nous. Elle nous gouvernait par la confiance, par l’honneur, par le sentiment du devoir. Aurais-je osé lire la page qu’elle me défendait dans un livre, tout en me le laissant sur ma parole ? Pendant mon séjour de Paris, elle ne me perdit pas de vue, elle sut par de bons renseignements tout ce que je faisais mais je ne m’en doutai jamais je me croyais libre, et je ne m’en trouvais que plus lié. Si un jour ma fille élève des fils, je lui recommande cette conduite c’est ainsi qu’on inspire des sentiments généreux, qu’on donne des ailes à l’âme, et qu’on l’habitue à se porter au bien par un essor dont elle est fière, au lieu de l’y enchaîner par les liens d’une surveillance, : d’une servitude humiliante qu’elle a hâte de secouer. Vous qui après moi prierez pour moi, continuez aussi de prier pour mon père et ma mère. Vous leur devez les bonnes traditions de la maison. La bénédiction du Seigneur est sur les familles où l’on se souvient des aïeux.