Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/540

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C
À M. LE MARQUIS DE SALVO.
San Jacopo, 5 mai 1853.

Monsieur le marquis,

Vos aimables reproches me touchent, beaucoup,mais assurément je ne les aurais pas mérités, si j’avais la plume aussi prompte que le cœur, si mes pensées qui prennent si souvent le chemin de la rue d’Angoulême savaient se transformer en route et vous arriver sur les ailes blanches d’une lettre. Mais, hélas ! ces pauvres pensées ont perdu leurs ailes, si elles en eurent jamais, et l’inaction appesantit mon esprit et ma main. Le peu de verve qui me restait, je l’ai épuisé avec Ampère, ayant intérêt en sa qualité d’académicien de lui faire croire que je n’étais pas tout à fait descendu au rang des brutes. En même temps j’ai épuisé avec lui tous mes sujets ; je lui ai conté Burgos, je lui ai dit mes impressions de Florence et de Pise ; mes voyages s’étant arrêtés là, je ne puis pas faire sortir de terre une ville nouvelle pour la décrire à mes