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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM


dans celle-ci. J’éprouve une consolation extrême à représenter à Notre-Seigneur les nécessités de mes amis absents : je connais bien les vôtres, et depuis que j’ai cessé de vivre seul, je sais quelles grâces il faut demander pour le bonheur d’une jeune famille. Je m’afflige, mon cher ami, de vous voir confiné dans une ville où votre zèle et votre savoir ne trouvent pas leur emploi ; lorsque la gravité des circonstances exigerait que tous les hommes de foi et de coeur missent la main à l’œuvre pour remuer la société et la refaire chrétienne, les imaginations vives et les plumes brillantes ne manquent peut-être pas, mais les jugements droits sont rares.

Je veux vous faire mes compliments de l’article que je viens de lire dans l’Univers, où j’ai reconnu votre main. Il est très-bien écrit mais c’est mieux qu’un acte de talent, c’est un acte de courage. Vous avez honorablement rempli vos fonctions de magistrat en dénonçant à la publicité les emportements d’un homme dont vous vous faites ’un ennemi, mais qui, une autre fois, s’avancera moins, sentant que les yeux sont ouverts sur sa conduite : Si les catholiques étaient résolus à publier toutes les tyrannies dont ils sont bien instruits, et à se bien instruire de toutes celles qu’ils veulent publier, je ne doute pas qu’ils ne parvinssent à se faire respecter tôt ou tard : mais il y faudrait le temps