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ANNÉE 1842

et la peine, chercher et vérifier, et ne se point contenter de l’à peu près qui ne devrait jamais satisfaire une conscience chrétienne, quand il s’agit de défendre la cause de la vérité. Ceci soit dit à propos des controverses présentes. Je vois avec plaisir que les hommes considérables y aient mis la main : et je trouve que M. de Montalembert a rétabli la question dans toute sa grandeur, en la plaçant là où elle fut toujours entre toute l’Église et tout l’État.

Il est impossible de porter dans la discussion religieuse plus de dignité, de prudence et de charité que ne le fait un homme, dont on n’attendait pas précisément ce genre de mérite : je veux dire le P. Lacordaire. L'Univers vous donne, des analyses de ses conférences ; mais ce qu’il ne peut vous donner, c’est cet accent, ce geste, cette émotion, cette puissance sur la multitude qui font de lui le plus ’grand orateur de ce temps. Il a acquis beaucoup de théologie au fond, beaucoup d’habileté dans la forme, mais il n’a rien perdu, depuis ce temps où nous l’écoutions ensemble, recueillant ses paroles au milieu des frémissements de ce vaste auditoire. Je ne puis l’entendre sans me reporter cette heureuse époque de notre jeunesse, sans penser à vous, et regretter que vous ne soyez point ici comme moi, pour renouveler vos impressions d’il y a neuf ans. Car il n’y a pas moins, mon cher ami, et voyez comme nous vieillissons. Vraiment ce serait la peine