Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/113

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de Sapho et d’Alcée, toute brûlante des passions que les femmes de l’antiquité, inspirent, se purifie en se lavant dans le sang des vierges martyres, qui deviennent les héroïnes, les inspiratrices des poëtes chrétiens.

Ce qui est singulièrement touchant dans la poésie chrétienne, c’est que la première femme qui l’a inspirée, qui lui a arraché des accents nouveaux, c’est une jeunefille, sainte Agnès, qui mourut martyre à Rome, en 310, à la fin de la persécution de Dioclétien. Une sorte ’de prédilection s’attacha à elle, comme à la plus jeune, à la dernière née de cette nombreuse famille des martyrs toutes les complaisances de l’imagination contemporaine se rassemblèrent sur.elle, et l’amour, le respect et l’enthousiasme s’unirent pour composer sa couronne. En effet, peu de temps après sa mort, on raconte dejà une des plus charmantes légendes chrétiennes : Ses parents veillaient, quelques jours après son supplice, et priaient à son tombeau, lorsque la vierge Agnès leur apparut au milieu d’une grande lumière, entourée d’une multitude de vierges, vêtues comme elle de longues robes d’or, elle avait un agneau blanc comme la neigé à ses côtés, et., s’adressant à ses parents qui pleuraient, elle leur dit : « Ne pleurez pas, car vous voyez que j’ai été reçue avec les compagnes que voici, dans les demeures de lumière, .et que je suis unie à celui que j’avais aimé. »