Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/112

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que la tête voilée, vêtue avec cette simplicité que Tertullien et saintCyprien prêchèrent. D’autres fois elle paraît, comme les martyrs, au lieu du supplice, comme parurent dans l’arène Félicité et Perpétue, sans voile, sans ornements, sans ces colliers et ces émeraudes qui n’auraient, pas laissé de place à l’épée du bourreau : elle est couverte de la stola, robe simple, blanche, garnie seulement d’une bande de pourpre qui retombe jusqu’à ses pieds elle porte les yeux levés au ciel, les mains étendues. C’est donc sous les traits d’une femme que les chrétiens représentent la prière, se persuadant qu’avec l’humilité et la douceur de cette sainte créature, la prière fléchirait Dieu plus facilement. D’autres fois, elle est représentée avec deux vieillards qui lui soutiennent les bras à droite et à gauche. Quelquefois deux noms sont écrits aux pieds de l’image les deux vieillards s’appellent Pierre et Paul, et la femme qui est au milieu d’eux, qui prie, qui étend les bras, s’appelle Marie. Cette figure, qui paraît à côté du Christ, ne serait donc autre chose que la première image de la Vierge, de la madone, de cette longue famille de vierges byzantines qui inspireront les peintres du moyen âge : la femme régénérée régénérera les arts modernes. Ce n’est pas assez que la femme chrétienne ait pris possession de la peinture et des arts plastiqués pour les réformer ; il faut qu’elle entre dans la poésie, il faut que cette poésie tout inondée des ardeurs