Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/133

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d’où doivent sortir des langues nouvelles .Tandis que la société romaine, dans ce qu’elle avait de plus élégant et de plus poli, s’attachait ainsi à toutes les délicatesses, à toutes les perfections d’une langue exquise, le peuple n’avait pas pu s’élever aussi haut ; il n’avait pas en lui la patience nécessaire pour se prêter aux exigences des oreilles patriciennes. En effet, il y a dans une langue littéraire deux sortes de règles les règles euphoniques, qui tiennent de l’art, et les règles logiques, qui tiennent de la science. Le peuple n’articule pas exactement et avec pureté pressé qu’il est, il parle comme il peut, et par là il viole les règles euphoniques le peuple construit mal, et par là il viole les règles logiques. Il s’ensuivit nécessairement, et au bout de peu de temps, qu’une langue populaire, imparfaite, un dialecte, en quelque sorte, un peu grossier, se forma au-dessous de la langue savante, et circula dans cette multitude immense qui remplissait Rome elles provinces. En effet, les traces ne manquent pas de cette langue populaire des rues de Rome, que les comiques devaient parler pour se mettre parfois à la portée de leurs auditeurs— : nous les trouvons dans Plaute, et dans les inscriptions. nous en trouvons des traces plus fortes encore, qui nous montrent les règles de la grammaire incroyablement violées. On y trouve cum conjugem suam, pietatem causa, templum quod est in palatium. Et les exemples semblables sont nombreux.