Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pline et des liens d’une même espérance. » C’est lui aussi qui, voulant poursuivre jusque dans ses derniers détails la décomposition de l’organisation humaine, a trouvé ces fortes expressions « Cadit in originem terram, et cadaveris nomen, ex isto jam nomine peritura in nullum inde jam nomen et omnis vocabuli mortem ». Et il a légué à Bossuet cette phrase immortelle « Ce je ne sais quoi « qui n’a de nom dans aucune langue. » Ainsi les Africains sont des barbares, mais des barbares éloquents : ils portent la hache sur cet édifice savant de la langue latine telle que l’avaient faite les anciens, les élèves des Grecs ; mais on comprend que de ces débris on pourra reconstruire quelque chose de plus grand.

Toutefois ce n’étaient pas les Africains seuls qui aidaient au christianisme dans ce grand travail de destruction et de reconstruction ; ils étaient seulement la tête de cette colonne barbare que formait, à vrai dire, le peuple romain, ce peuple recruté de toutes les barbaries.

Dès les temps les plus anciens, en effet, bien avant qu’il fût question de Goths et de Vandales, l’invasion s’accomplissait à Rome et s’y faisait tous les jours. Lorsqu’au cinquième siècle de Rome, par exemple ; l’esclave Hordeonius et un grand nombre des siens se trouvèrent maîtres du Capitole, c’était Rome qui était au pouvoir des barbares. Rome était peuplée d’esclaves, d’affranchis, de mercenaires, d’étrangers