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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/149

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qui disposaient de sa langue ; et Scipion lui-même, que Cicéron plaçait à l’âge d’or de la langue latine, Scipion disait au peuple du haut de la tribune, avec toute la présomption d’un héros qui ne craignait rien : « Je vous reconnais tous pour les Numides, les Espagnols et autres barbares que j’ai amenés ici les mains liées derrière le dos ; vous êtes libres d’avant-hier et vous votez aujourd’hui » Voilà comment ce peuple, qu’on appelait le peuple romain, n’était autre chose que la grande et croissante recrue de la barbarie. C’était aussi la recrue du christianisme car cette religion, qui n’avait pas de dédains pour les petits, pour les-ignorants, qui avait fait les premiers pas au-devant d’eux, leur ouvrait les portes à deux battants, n’avait pas peur de leur grossièreté et permettait que les catacombes fussent couvertes d’inscriptions grossières semées de barbarismes et de solécismes «  Quam stabiles tivi haec vita est. Refrigero deus animo hominis. Irene da Calda . »

Vous le voyez, la langue des inscriptions des catacombes, c’est la langue de ce peuple dont je vous parlais déjà comme ne s’inquiétant ni des règles euphoniques ni des règles logiques, et ayant une prononciation très-différente de celle de la société choisie et élégante qui parlait la langue de Cicéron et d’Horace. Il défigurait même le latin si populaire des psaumes, et saint Augustin nous apprend que dans les églises d’Afrique le clergé n’a-