Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/162

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avec la majesté du costume qui le rehaussait, représentait les héros et les anciens dieux, et devait garder une sorte de dignité sculpturale, de même à la tribune, l’orateur grec ou romain, avec la pureté de son costume, de son attitude et l’ornement de toute sa personne, devait avoir la correction d’une statue.de Praxitèle ou de Phidias. Sa voix s’élevait, soutenue, gardée, pour ainsi dire, par le joueur de flûte qui ne l’abandonnait pas, et l’oreille exigeante de la foule ne lui permettait ni de s’élever, ni de descendre au delà d’un certain nombre de tons requis pour satisfaire les exigences musicales de ces organisations délicates et sensuelles. Voilà pourquoi, quand, l’antiquité distingue cinq parties principales de la rhétorique, à savoir l’invention, la disposition, l’élocution, l’action et la mémoire, Démosthènes, ce grand maitre, déclarait que l’action les enveloppait toutes, et que le peuple était vaincu aussitôt qu’il était conquis par la vue et par l’oreille, c’est-à-dire par les sens ; et il devait en être ainsi et pour ces Grecs si sensuels, et pour ces Romains, le peuple au fond le plus matérialiste qui fut jamais. Mais le temps arriva où l’intérêt politique, qui soutenait ces grands spectacles, vint à manquer, et, de même que la scène grecque devint stérile, ne produisit plus de grands tragiques dès que les inspirations du patriotisme vaincu se retirèrent, de même aussi l’éloquence tarit dès que ces grands