Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/172

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y arriver en écoutant, en lisant les auteurs éloquents, en s’exerçantsoi-mémeà à dicter et écrire. À ces conditions, on peut se passer de la subtilité de l’école, et, par cette voie, un homme peut rencontrer ce don ineffable de persuader et de bien dire.

Après avoir fait ce juste partage de l’éloquence et de la rhétorique, saint Augustin reprend, sans nous en avertir, les préceptes des anciens et en fait, pour ainsi dire, le triage, laissant de côté tout ce qui est devenu superflu pour la simplicité des temps nouveaux. Ainsi la part principale est faite à l’invention, comme il convenait aux temps chrétiens qui assurent à la pensée l’empire qu’elle doit avoir sur la forme. L’invention est donc le point principal, et, se fondant sur le beau traité de Cicéron, de Inventione, saint Augustin rappelle que la sagesse est le fonds même de toute éloquence, qu’elle est bien au-dessus car la sagesse, sans l’éloquence, a fondé les cités, et l’éloquence, sans la sagesse, les a plus d’une fois mises en ruines. Appliquant ces préceptes, il vaut mieux, dit-il, que les prédicateurs parlent éloquemment, mais-il suffit qu’ils parlent sagement. Ces préceptes étaient d’une admirable fécondité et d’un admirable à-propos car si le christianisme, aussi sévère que l’antiquité eu matière d’art, eût voulu donner la parole seulement à des hommes éloquents, alors à combien peu eût-il été permis de la répandre, et à combien