Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/173

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peu de la recevoir. ! Et ainsi l’enseignement chrétien, au lieu d’être la lumière et la consolation de tous, serait resté le plaisir et le privilége d’un petit nombre. C’était donc une grande et féconde parole que celle qui-devait donner la liberté de la chaire, non plus seulement à celui qui serait exercé pendant de longues années aux luttes oratoires, comme Démosthènes et Cicéron, mais au plus humble prêtre, quand il aurait la foi qui inspire, et le bon sens qui ne permet pas de se fourvoyer. Saint Augustin conserve, avec Cicéron, la distinction des trois parties de l’invention oratoire : car, dit-il, il est d’une vérité éternelle que l’orateur doit convaincre, plaire et toucher. Et je ne m’étonne pas que saint Augustin veuille conserver à l’orateur chrétien cette mission de convaincre, ni qu’il l’exhorte à ébranler la volonté rebelle et à la toucher ; surtout je ne suis pas surpris qu’il lui permette de plaire, car je sais la pénétration de saint Augustin, ce grand connaisseur du cœur humain, et-je n’ignore pas que le secret de plaire est aussi celui de gagner les âmes. Cependant, la encore, il s’attache à l’essentiel, il déclare que, pourvu que la clef ouvre, il permet qu’elle ne soit pas d’or, qu’elle soit de plomb ou de bois: mais il faut qu’elle ouvre les barrières, qu’elle les ouvre à toutes les lumières de la vérité et à toutes les violences de la grâce divine. Quant à l’élocution, il conserve aussi, comme