Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/181

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s’accrédita avec le grand renom d’éloquence de saint Ambroise. ; cette éloquence suffisait à maintenir à la fois dans la persévérance et le devoir, dans la fermeté et dans la soumission, le peuple de Milan pendant plusieurs jours, tandis que les soldats de l’impératrice Justine assiégeaient la basilique pour la livrer aux ariens. Cette éloquence entraînait à ce point que les mères cachaient leurs filles quand saint Ambroise glorifiait la virginité. C’était cette même éloquence qui devait arrêter Théodose coupable à la porte du sanctuaire et qui suspendit à la douceur de sa parole Augustin, encore à moitié manichéen, encore indécis, mais déjà plus qu’à demi gagné par le charme d’un orateur qui disait si bien[1].

Voilà le caractère de l’éloquence d’Ambroise, mais j’ai hâte d’arriver à saint Augustin, qui occupe une place bien plus grande dans la postérité. Saint Augustin a moins d’ornements, il est moins antique, il a eu moins de commerce avec la Grèce ; il n’avait pas, comme saint Ambroise, tradùit du grec un grand nombre d’écrits des Pères. Il nous a laissé jusqu’à trois cent quatre-vingt-dix-huit sermons, sans compter plusieurs traités prêchés avant d’être écrits. Si vous les parcourez, vous y trouverez précisément les caractères que je marquais, les caractères que saint Augustin recom-

  1. Voir les notes à la fin de la leçon