Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/210

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dent ici avec l’histoire romaine, et c’est sous ces indications que se trouveront les persécutions, les martyrs, le principe et la succession des hérésies car le plan d’Eusèbe et de saint Jérôme ne néglige pas l’histoire de la pensée humaine, et, à côté des noms des rois et des événements qui ont signalé la destinée des peuples, sont relevés soigneusement les poëtes, les philosophes et tous ceux qui’sont venus apporter à l’humanité leurs lumières ou lui donner leur sang.

Ainsi ces deux grands buts de l’histoire, l’universalité tout d’abord, ensuite la vérité, sont atteints. autant que possible dans ce premier effort pour fonder une science que toute l’érudition bénédictine du dix-septième et du dix-huitième siècle n’a pas encore achevée.

Un si grand exemple devait susciter des imitateurs. Sainte Jérôme avait continué la chronique d’Eusèbe, de 525 à 528 ; Prosper d’Aquitaine ; théologien et poëte, la continua jusqu’en 444 ; l’évêque espagnol Idace, de son côté, au fond de la Galice, où il était relégué, aux extrémités du monde et au milieu des barbares, continue la chronique jusqu’en 469. Il y mêlait dans des termes bien courts, mais tout remplis des larmes de son temps, la tristesse de cette. ruine universelle, et il marque avec terreur les derniers coups qui achèvent d’ébranler l’empire et qui semblent aussi, un moment, devoir emporter l’Eglise.