vos mœurs des maux pires que toutes les fureurs des ennemis. »
Après cette introduction, après cette triomphante invective contre les amis et les défenseurs de ces faux dieux que les païens de tous les temps ont toujours regrettés ou demandés, Augustin entre dans t’a discussion, et d’abord il confond ces doctrines du monde païen et de Rome en particulier qui expliquait sa destinée par la puissance de ses dieux : il entreprend de prouver que ces dieux ne pouvaient rien, ni pour la vie présente, ni pour la vie éternelle.
Les dieux de Rome ne lui ont épargné ni les crimes, ni les malheurs. Les crimes, ils lui en ont donné l’exemple, toute la mythologie n’est pleine que des récits de leurs honteuses actions, et l’infamie des dieux a souvent passé dans les cérémonies de leur culte. Ces exemples, Rome ne les a-t-elle pas suivis par l’enlèvement des Sabines, la ruine d’Albe, les luttes fratricides des deux ordres, les guerres civiles, les proscriptions, l’affreuse corruption de ses mœurs ? Les dieux qui ont laissé périr Troie ne pouvaient pas sauver Rome. Rome ne les honorait-elle pas lorsqu’elle fut prise par les Gaulois , humiliée aux Fourches Caudines vaincue à Cannes; Sylla fit mourir plus de sénateurs que les Goths n’en ont dépouillée et cependant les autels étaient chauds, l’encens d’Arabie y fumait, les temples avaient leurs sacrifices ; les