Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/236

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sans réserve contre les barbares. Ces prétendus ennemis de Dieu et du genre humain, ils les faisaient réellement ennemis de Dieu et du genre humain. Ils attiraient sur Rome, sur la civilisation. chrétienne, sur l’humanité des calamités inexprimables. Voilà ce qu’ils faisaient s’ils prenaient te premier parti.

Si, au contraire, ils prenaient le second, s’ils se rangeaient d’un seul coup, précipitamment, du côté des barbares ; si, se constituant juges à la place de de Dieu, ils eussent condamné Rome, cette autre Babylone, à une ruine éternelle, implacable, ils eussent attiré, en effet, sur Rome, un châtiment qui n’aurait pas laissé subsister pierre sur pierre ; ils auraient contribué à faire disparaître pour toujours ce centre du monde, et, avec ce centre du monde, qui doit rester le centre de la vie chrétienne au moyen âge, toute l’économie des siècles qui allaient suivre ; ils auraient contribué à. éteindre pour toujours la lumière dont Rome demeurera le refuge jusqu’aux temps de Chartemagne par conséquent ils frustraient l’humanité de ces ressources civilisatrices qui lui restèrent pendant si longtemps. Plus heureux, mieux inspirés, ils eurent ce courage que l’on flétrit volontiers du nom d’optimisme, quand on ne partage pas, d’envisager d’un œil ferme et serein des temps difficiles et menaçants ; ils eurent la sagesse de distinguer ce qui appartenait encore au passé au