Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/237

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milieu de toutes les destinées si tremblantes de l’avenir. Sans aller se mettre à côté des barbares, ils firent au-devant d’eux la moitié du chemin, louèrent la clémence des Goths qui avaient épargné la basilique de saint Pierre et de saint Paul. Et si vous ouvrez les écrivains chrétiens de cette époque, vous verrez qu’ils n’en est pas un qui n’ait célébré cet acte de générosité d’un peuple vainqueur et ivre de son triomphe. En agissant ainsi, ils se conciliaient les barbares, désormais à moitié gagnés, et faisaient rentrer à demi leur épée dans le fourreau. Il n’était pas un chef barbare qui n’enviât la gloire d’Alaric, et ne respectât les autels pour être béni par un vieil évoque ou par un prêtre. Et en même temps que la défaite était rendue moins difficile a supporter aux vaincus, le courage et l’ardeur revenaient aux chrétiens, qui voyaient qu’après tout ces barbares n’étaient pas des mangeurs d’hommes, qu’ils pouvaient entreprendre et obtenir leur conversion, leur régénération, et qu’il ne fallait pas en désespérer à tout jamais. Il était possible de rattacher un jour ces pèlerins à la cité de Dieu, et partout, sous quelque peau de bête que se cache un barbare, il pouvait y avoir un citoyen futur de la cité éternelle.

En prenant parti pour Rome dans une certaine mesure, en rappelant ses vertus et sa gloire, que faisaient-ils ? Ils montraient que cette cité était, après tout, digne de respect que, si elle méritait un châ-