Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dogme vénéré de l’Église grecque, et fut traduite dans les langues de tout l’Orient. Je ne puis cependant en lire qu’un fragment, qui montre la sagesse avec laquelle Léon le Grand demeure dans le vrai et loin de tout excès : « Nous ne pouvions, dit-il, surmonter le péché et la mort, si celui qui ne pouvait être retenu par la mort, ni atteint par le péché, n’avait pris notre nature et ne l’avait faite sienne. Il est Dieu, puisqu’il est écrit « Au commencement était le Verbe. » Il est homme, puisqu’il est écrit « Le Verbe s’est fait chair. »

Cette doctrine ferme, lumineuse, qui se tenait avec tant d’exactitude dans les limites du vrai, saisit et subjugua les esprits de ces Orientaux rassemblés à Chalcédoine, et dans la seconde session, après avoir lu le symbole de Nicée, les lettres de Cyrille et de Léon, ils s’écrièrent « C’est la foi des Pères, c’est la foi dés Apôtres. Nous croyons tous ainsi ; anathème à qui ne croit pas ainsi. Pierre a parlé par la bouche de Léon ; Léon a enseigné selon la vérité et la piété. C’est la foi de tous les catholiques : nous pensons tous ainsi. »

C’est ainsi que fut décidée cette grande controverse. Léon le Grand avait fait acte de foi, car il avait de nouveau conservé au christianisme son caractère de religion, il n’avait pas souffert qu’il dégénérât en paganisme ni en philosophie ; il avait fait acte de foi, car il avait maintenu les mystères ; il n’avait pas permis qu’ils devinssent un système