facilement au remplacement de la quantité par l’accent, et ménage ainsi une place à la rime que nous avons vue introduite, de bonne heure, dans la versification chrétienne, que saint Augustin avait lui-même pratiquée dans son psaume contre les donatistes, qui revient pendant vingt-quatre vers, rimés deux à. deux, dans l’hymne consacrée par le pape Damase à sainte Agathe. Ainsi, la séquence du moyen âge est déjà trouvée: presque toutes sont ainsi coupées en strophes de quatre vers de huit syllabes chacun ; seulement le moyen âge remplacera la quantité par la rime, qui donnera à l’oreille cette satisfaction que la prosodie ancienne serait désormais impuissante à lui offrir. Chose étrange ce sera à la condition de rompre un jour et définitivement avec les formes anciennes que la poésie chrétienne arrivera enfin à la liberté sans laquelle il n’y a point d’inspiration et qui lui donnera cette prodigieuse richesse, cette verve, cette abondance du treizième siècle, et enfin cette majesté du Dies irae , et cette grâce inexprimable du Stabat mater.
Voilà les généralités de la poésie chrétienne à ses commencements. Cependant il faudrait nous demander si ce siècle où nous avons trouvé tant d’hommes éloquents n’en a pas produit quelques uns qui fussent véritablement touchés du rayon de la poésie ; s’il ne faut observer en eux que les obscurs commencements d’une chose destinée à de-