Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/254

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venir illustre, ou si déjà quelque inspiration s’y manifeste. Je réponds en dégageant de cette foule deux hommes qui méritent d’être rapprochés et connus : je veux dire saint Paulin et Prudence. Si la poésie devait se trouver quelque part, c’était assurément dans ces âmes disputées, qui, après une longue résistance de la chair et des passions, venaient, toutes meurtries, se réfugier dans la vie chrétienne. Cet âge est celui des consciences tourmentées : les esprits faibles hésitent, les forts se décident, et, dans ce grand ébranlement, ils trouvent l’inspiration, l’éloquence, la poésie. Ainsi Ambroise, Augustin et tant d’autres que nous avons vus avec eux. Ces grandes âmes avaient eu le courage de rompre, et, dans cette rupture, dans l’effort, elles avaient rencontré ce qui récompense toujours l’effort, c’est-à-dire la force qui vient d’en haut au secours de la volonté. Cette force est pour les uns le courage de l’action, pour les autres le courage de la parole, pour quelques-uns l’éloquence, pour plusieurs la philosophie, pour d’autres enfin elle devait être la poésie.

Paulin, qui portait pour surnoms ceux de Pontius Meropius, était d’une grande famille romaine, sénatoriale même. Il était né aux environs de Bordeaux c’était aux écoles de la Gaule qu’il avait trouvé la première éducation, et la Gaule avait alors les plus illustres maîtres de l’Occident. Le poëte Ausone avait été le premier instituteur de la