Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/259

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Voilà des accents qu’Ausone, avec tout son esprit et toute son érudition, ne trouva jamais;Son esprit, lui avait enseigné les artifices d’une poésie de décadence, d’une poésie qui excellait dans les acrostiches, dans les jeux d’esprit, dans les subtilités de toute espèce, mais jamais il ne lui avait enseigné les secrets de cette poésie du cœur dont Paulin fait jaillir la source ; dépassant son maître de si loin. En effet, il répudie l’inspiration des Muses païennes, mais il en connaît une plus puissante. Il n’abjure pas la poésie au fond de sa solitude de Nole, il se mêle encore a toutes les joies de ses amis, à toutes leurs douleurs, et partout où il y a une larme à essuyer, ou bien un bonheur à partager, les vers de Paulin arriveront. C’est ainsi, par exemple, que nous trouvons dans ses écrits un épithalame pour les noces de Julien et d’Ya, couple chrétien et on ne saurait dire avec quel charme il salue ces deux époux vierges, que le Christ va unir, comme deux colombes pareilles, au joug léger de son char. Il écarte bien loin ces divinités profanatrices des noces, Junon et Vénus, mais il rappelle les justes, les vraies et touchantes maximes du mariage chrétien, l’égalité nécessaire et féconde des époux devant Dieu, l’affranchissement de la femme, jadis esclave, et c’est à ces conditions qu’il promet à leurs noces la présence du Sauveur.

Tali conjugio cessavit servitus Evae.
Aequavitque suum libera Sara virum