Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/260

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Tali lege suis nubentibus adstat lesus
Pronubus, et vini nectare mutat aquam

[1]

Voilà assurément des pensées qui n’ont rien de classique et dans lesquelles respire déjà un esprit tout nouveau.

Vous retrouverez le même caractère dans les consolations qu’il adresse à des parents chrétiens sur la mort d’un enfant. Empruntant les images les plus charmantes de la foi chrétienne, il représente ce même enfant se jouant dans les cieux avec celui qu’il a lui-même perdu et dont la mémoire ne s’efface pas de son cœur, quoique pénitent il soit assis depuis tant d’années au tombeau de Nôle : « Vivez, jeunes frères, vivez dans cet éternel partage ; couple charmant, habitez ces joyeuses demeures ; et tous deux prévalez-vous de votre innocence, enfants, et que vos prières soient plus fortes que les péchés de vos parents. »

Vivite participes,aeternum vivite, fratres,
Et laetos dignum par habitate locos
Innocuisque pares meritis peccata parentum,
infantes, castis vincite suffragiis[2]

.

C’est charmant c’est bien supérieur à toutes tes idylles d’Ausone, à tous les panégyriques de Claudien nulle part encore nous n’avons trouvé ces larmes, cette vie et cette inspiration. Je pourrais parler encore de plusieurs autres compositions reli-

  1. S. Paulin, Carm. XXII. Epithalam Juliani et Iae, v. 150
  2. S. Paulin, Carm. XXXIII, de Obitu Celo pueri , v.613