Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/262

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voiles blancs sont suspendus aux portes dorées, on sème de fleurs le parvis, le portail est couronné de fraîches guirlandes. et le printemps est éclos au milieu de l’hiver. » Puis, revenant sur lui-même, le poëte adresse cette prière au martyr : « Laisse-moi me tenir assis à tes portes, souffre que chaque-matin je balaye tes parvis, que chaque soir.je veille à leur garde. Laisse-moi finir mes jours dans ces emplois que j’aime. Nous nous réfugions dans ton giron sacré. Notre nid est dans ton sein. C’est là que, réchauffés, nous croissons pour une meilleure vie, et, nous dépouillant du fardeau terrestre, nous sentons germer en nous quelque chose de divin, et naitre les ailes qui nous égaleront aux anges. »

Et tuus est nobis nido sinus. Hoc bene foti
Crescimus, inque aliam mutantes corpora formam
Terrona exuimur sorde, et subeuntibus alis
Vertimur in volucres divino semine verbi.[1]

Ce sont encore de beaux vers, mais il y a plus : ils sont comme la chrysalide d’où sortiront ces deux autres vers de Dante, plus admirables encore

Non vaccorgete voi que noi siam vermi
Nati a formar l’angelica Farfalla.

C’est la même pensée ; et cette comparaison de

Dante, si souvent citée, a, comme vous le voyez, sa

  1. S Paulin, Natalis III