Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/33

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que Léon le Grand avait commencé avec Attila il ne fera que refouler le barbare dans son domaine et sauver encore une fois la civilisation. Il y avait une autre puissance qui devait sauver les lettres et la civilisation : je veux dire les moines. Quant à cette puissance, nous n’aurons pas à repousser le reproche de nouveauté qu’on adresse à la papauté. Jamais, en effet, on n’a accusé le monachisme d’avoir commencé trop tard, mais trop tôt on l’a accusé d’être né dans les vieilles religions de l’Orient, d’avoir été tout pénétré de leur esprit, , de s’être introduit subrepticement dans l’Église pour y porter des habitudes qui n’étaient pas les siennes, et d’avoir été pour elle bien moins un secours qu’un péril, bien moins une gloire qu’un scandale. J’ai dit, déjà plus d’une fois, que le christianisme n’a point fait l’humanité, mais qu’il l’a refaite il ne crée pas, il transforme. L’homme existe, mais sous la loi de la chair ; la famille, mais sous la loi du plus fort la cité, mais sous la loi d’intérêt. Le christianisme réforme l’homme par la renaissance de l’esprit ; la famille, par le droit des faibles la cité, par la conscience publique. De même aussi il trouve dans les sociétés antiques des temples, des sacrifices, des prêtres : il ne les abolit pas, il les purifie ; le christianisme n’a rien aboli, il a tout régénéré. Ainsi a-t-il fait du monachisme ; il n’y a pas de grande religion