Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/345

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conquérants habites et les tyrans intelligents comprennent, et à laquelle ils ne se laissent pas tromper. Je n’en veux pour preuve que ceux qui, de nos jours, supprimaient l’idiome national, et imposaient le russe comme langue obligatoire là où ils avaient rencontré des résistances invincibles. De même, les Romains avaient aussi rencontré des dialectes qui résistaient au fer et sur lesquels ni le président de la province, ni le procureur du fisc n’avaient puissance. Sans doute, le latin s’était propagé de bonne heure dans beaucoup de contrées envahies par la conquête par exemple, dans la Narbonnaise,.dans l’Espagne méridionale. Mais le latin qui s’y établissait, c’était un latin populaire, celui que parlaient les soldats, les vétérans envoyés dans les colonies ; bientôt il se corrompait par la fusion des races, par son mélange avec les dialectes locaux, et formait autant de dialectes particuliers autre était le latin populaire de la Gaule ; autre celui qui se parlait au delà des Pyrénées. Outre cela, les anciennes langues ne lâchaient pas pied ; en Italie, le grec devait se perpétuer dans les provinces méridionales jusqu’au milieu du moyen âge. Dans le royaume de Naples, au quinzième siècle, existaient encore plusieurs contrées toutes grecques. Dans l’Italie septentrionale, on voit la langue des Ligures, des habitants des montagnes de Gênes, se conserver jusqu’à la fin de l’empire l’étrusque subsistait encore au temps d’Aulu-Gelle,