et n’était pas sans action sur le latin qui se parlait dans les villes voisines. Aussi les anciennes inscriptions des villes italiques sont souvent marquées de cette corruption d’où doit sortir un jour la langue italienne. C’est déjà dans des inscriptions anciennes qu’on trouve, par exemple, ces formes toutes modernes : cinque,nove, sedici mese ; ou ces mots nouveaux : bramosus pour cupidus, testa pour caput, brodium pour jus. De même aussi, la déclinaison des mots disparaît entièrement, et ce n’est qu’à l’aide des particules qu’on détermine leurs fonctions.
Dans la Gaule, la langue celtique figure jusqu’au cinquième siècle, et saint Jérôme l’entend encore parler à Trêves.
En Espagne, la vieille langue des Ibères se défend pied à pied ; elle recule vers les montagnes ; elle finira par y être continée, non sans avoir laissé des traces derrière elle : c’était la langue basque, encore parlée aujourd’hui, et qui n’a pas laissé moins de dix-neuf cents mots dans l’espagnol moderne. Vous voyez quelles résistances une langue est capable d’opposer. Qu’est-ce donc qui donne tant de puissance à ces syllabes qui, tout à l’heure, nous semblaient si peu faites pour arrêter les efforts d’un conquérant ? Ce sont les pensées, les souvenirs, l’émotion qu’elles réveillent dans l’homme ; c’est qu’elles renferment pour lui les sentiments les