Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/369

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devenue le prix de la sécurité d’autrui ; ô douleur! la servitude des Arvernes qui, si l’on remonte leurs antiquités, ont osé se dire les frères des Romains, et se compter entre les peuples issus du sang d’Ilion. Si l’on s’arrête à leur gloire moderne, ce sont eux qui avec leurs seules forces ont arrêté les armes de l’ennemi public : ce sont eux qui, derrière leurs murailles, n’ont pas redouté les assauts des Goths, et ont renvoyé la terreur dans le camp des barbares. Voilà donc ce que nous ont mérité la disette, la flamme, le fer, la contagion, les glaives engraissés de sang, les guerriers amaigris de privations Voilà cette paix glorieuse pour laquelle nous avons vécu des herbes que nous arrachions des fentes de nos murs. Usez donc de toute votre sagesse pour rompre un accord si honteux. Oui, s’il le faut, ce sera pour nous une joie de nous voir encore assiégés, de souffrir encore la faim, mais de combattre encore[1].

Ainsi, voilà le génie français avec son urbanité, avec cette légèreté qu’on lui a beaucoup reprochée, mais aussi avec ce sentiment passionné de l’honneur qui ne s’effacera~ jamais. Ce caractère se conserve durant les longs siècles de barbarie dans lesquels nous allons nous engager. Vous y reconnaîtrez ce fait curieux, que pendant tous les temps méro-

  1. Sid. Apol., Ep.,1 VII, 7, ad Greacum.