Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment les grammairiens et les rhéteurs eussent-ils fermé leurs écoles ? Parmi leurs disciples on trouve encore, en 590, un jeune Romain nommé Betharius, qui, venu dans les Gaules, y donna une si haute opinion de son savoir et de son éloquence, que l’admiration publique le porta au siége episcopal de Chartres. Saint Grégoire le Grand avait été nourri dès l’enfance dans l’étude de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique. Ses écrits ont tous les défauts de la décadence latine ; mais on n’y relève pas ces barbarismes qu’il se vante de ne pas éviter « trouvant indigne, dit-il, de faire plier la parole de Dieu sous la règle de Donat. » Dans ce passage célèbre, dont on a trop souvent abusé, il ne faut voir que l’inquiétude d’un esprit qui connaît la barbarie de son siècle, qui craint de s’en ressentir, et qui se justifie éloquemment, comme saint Paul en foulant aux pieds l’éloquence[1]. Au septième siècle, l’école romaine’n’est pas nommée ; mais on ne peut douter que l’enseignement ne se perpétue quand les églises de cette époque, les sépultures des papes sont

  1. Acta S. Betharii (auctore cooetaneo) apud Bolland., II Augusti vita S. Gregorii, auctore Johanne diacono « < Disciplinis vero liberalibus, hoc est grammatica, rhetorica, dialectica, ita a puero est institutus, ut quamvis ea tempore florerent adhuc Romœ studia littèrarum, tamen nulli in urbe ipsa secundus esse putaretur ». » S. Gregorii Epist. ad Leandrum: « Barbarismi confusionem non devito, situs motusque et praepositionum casus servare contemno, quia vehementer indignum existimo ut verba cœlestis oraculi restringam sub regulis Donati.  »