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profane que l’aventure du grammairien Vilgard, rapportée par Hadulphus Glaber. Vilgard tenait école à Ravenne au onzième siècle ; « il enseignait la grammaire avec la passion que les Italiens eurent toujours pour cette étude. Or, comme dans l’orgueil de son savoir il allait déjà jusqu’au délire, il arriva qu’une nuit les démons prirent la figure des poëtes Virgile, Horace et Juvénal, et, lui apparaissant, le remercièrent de son ardeur à étudier leurs livres et à propager leur autorité en retour de ses efforts, ils lui promettaient de l’associer à leur gloire. Séduit par cette ruse de l’enfer, le grammairien se mit à enseigner beaucoup de points contraires à la foi, et il affirmait qu’il fallait croire en toutes choses les paroles des poètes. A la fin il fut convaincu d’hérésie, et condamné par l’archevêque Pierre on trouva en Italie plusieurs esprits infectés des mêmes opinions.[1]  »

Les écoles

chez les Lombards

Pavie, Lucques, Bénévent

Cette vieille Italie ne pouvait se détacher de ses fables. Les traditions littéraires que le christianisme avait sauvées ne devaient pas périr par l’épée des

  1. Radulphus Glaber, apud D. Bouquet, X, 23. « Ipso quoque tempore non impar apud Ravennam expertum est malum. Quidam igitur Vilgardus dictus, studio artis grammaticae magis assiduus quam frequens, sicut Italis semper mos fuit artes negligere ceteras, illam sectari, is cum scientia sui artis cœpisset inflatus superbia stultior apparere, quadam nocte assumpsere daemones poetarum species Virgilii et Horatii atque Juvenalis, apparentesque illi, fallaces retulerunt grates... coepit multa turgide docere fidei contraria, dictaque poetarum per omnia credenda esse asserebat, » etc.