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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/419

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même temps on voit les lettres pénétrer dans les âpres solitude de la Novalèse, du mont Soracte, de Farfa, et dans la puissante abbaye de Casauria, où les disciples du dehors accouraient pour se mêler aux disputes philosophiques des religieux, et discuter « les subtiles hérésies d’Aristote et les hyperboles éloquentes de Platon[1]. » Si l’école du Mont-Cassin périt avec le monastère sous la torche des Sarrasins en 884, elle recommence avec lui et jette un éclat nouveau, lorsqu’au onzième siècle on y voit grandir plusieurs de ces moines intrépides qui serviront les desseins de Grégoire VII.

Grégoire VII

Grégoire VII ne semblait combattre que pour les libertés de l’Église : on a trop ignoré ce qu’il fit pour le réveil de l’esprit humain. Quand il ouvrait le grand débat du sacerdoce et de l’empire, il savait bien qu’il n’en verrait pas le terme. Mais le triomphe dont il devait jouir, c’était d’avoir agité les intelligences, de le savoir arrachées aux intérêts vulgaires, en les occupant de la plus formidable controverse qui fut jamais. Quand il tenait le fa-

  1. Tous ces monastères ont des archives, des chroniques, des légendes. Alfano, dans un poëme publié par Ughelli, blâme le jeune Trasmundus, qui allait chercher dispute aux moines savants de Casauria :

    Hic Aristotelis philosophiae
    Versutas haereses, atque Platonis
    Fastus eloquii, mense per annum
    Uno pene studens, arte refutat...
    Deridet studium saepe decenne !
    At quando, libet hoc monte relicto
    Laetus tendit eo tempore veris,
    Causa tam citius multa sciendi.