Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rouche Henri IV à genoux devant lui, sous le sac et la cendre, au château de Canossa, c’était la barbarie qu’il humiliait en la personne de cet homme de sang. S’il mettait tout en oeuvre pour assurer l’indépendance du clergé en l’arrachant aux liens de la simonie et du concubinage, il avait cherché lui assurer une supériorité que le sceptre impérial ne déléguait pas, la supériorité des lumières : il avait voulu dédommager le prêtre des joies de la famille, en faisant asseoir les lettres à son foyer. Voilà pourquoi un canon du concile de Latran, en 1078, renouvela les décrets qui instituaient auprès de toutes les églises cathédrales des chaires pour l’enseignement des arts libéraux[1] . Mais cette fois Grégoire VII avait mis au décret du concile le sceau d’une volonté accoutumée a se faire obéir : dès lors les chaires ne se taisent plus, rien n’interrompt la succession des maîtres. Il ne faut plus demander si l’Italie a des écoles, lorsqu’elle en fonde partout, lorsque Lanfranc, saint Anselme, Pierre Lombard vont inaugurer au delà des Alpes cet enseignement scolastique qui donnera au moyen âge ses grands docteurs, et au génie moderne ses habitudes de critique, de rigueur et de travail.

Trois grands noms divisent les siècles ténébreux que nous venons de traverser et les éclairent

  1. Collectio conciliorum regia, XXVI. Concilium Romanum anni 1078 « Ut omnes episcopi artes litterarum in suis ecclesiis doceri facerent. »