Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/465

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personne vivante de l’auteur ; elle suit sa mémoire, elle protége sa famille. Si M. Ozanam n’a pas joui lui-même de la publication de son meilleur ouvrage, formé de ses leçons recueillies au pied de sa chaire, c’est un motif de plus pour nous de rendre publiquement à son nom tous les honneurs que méritait ce travail, inédit de son vivant. Dans les longues études, et parfois les succès un peu lents imposés au culte exclusif de la haute littérature, il y a de la part de l’auteur désintéressement et sacrifice ; il n’y en aura que plus d’équité de la part des juges à prolonger après lui, la récompense dont il était digne, et à la reporter tout entière sur ce qu’il aimait plus que lui-même.

« La jeune femme et le jeune enfant de M. Ozanam recevront, comme un dernier don de sa main, le prix dû à son rare talent, au monument inachevé de cette vocation ardente qui leur a coûté si cher. Rien en effet, n’a surpassé la fièvre studieuse, l’effort à la fois d’application et de verve qui consumait Ozanam et dont ses écrits gardent la trace. Langues anciennes, langues modernes du Midi et du Nord, histoire de tous les temps, littérature classique ou barbare, à ses degrés divers, science du droit religieux et civil, étude des arts, il avait tout embrassé d’un travail méthodique et pourtant inspiré, dont les échos, pour ainsi dire, se répondaient dans sa vaste mémoire et dans son intelligence toujours excitée. Ces signes, apparus dès l’origine, s’étaient fortifiés en s’étendant. Sa thèse sur Dante, travail supérieur, mais inégal, avait été surpassée par la science et la diction de ses Études sur les Germains et ces deux précieux fragments n’étaient pour lui que l’essai du grand travail où il voulait comprendre la ruine et la mort de l’ancien monde, et, sous la fermentation de ses