Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/66

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Celse n’avait pas assez de mépris pour cette tourbe des premiers chrétiens; mais le christianisme s’en honorait, et il se vantait d’avoir appris à philosopher aux cordonniers, aux bouviers, aux laboureurs.

Ce n’est pas tout ce travail, honoré par la foi, par la doctrine, s’élevait encore par tes œuvres sacrées auxquelles il s’était applique. Au-dessous des prêtres, des diacres, une condition honorée entre toutes ; c’était celle des fossoyeurs (fossores), parce que c’étaient eux qui creusaient, au-dessous des carrières de Pouzzolane que Rome avait ouvertes, les retraites cachées des catacombes, qui multipliaient ces réduits dans lesquels se réfugiaient les communautés chrétiennes ; ils étaient les pionniers de la société nouvelle avec leurs pioches et leurs lanternes, ils ouvraient la marche que nous suivons encore aujourd’hui ; on les comprenait, dans la hiérarchie ecclésiastique, et on disait : « Parmi les clercs, le premier ordre est celui des fossoyeurs, qui, à l’exemple de Tobie, sont chargés d’ensevelir les morts, afin qu’en prenant soin des choses visibles ils pensent aux invisibles. » C’est ce que nous attestent de nombreuses inscriptions et les peintures qui nous représentent le fossor avec les instruments de son humble travail.

Voilà comment le christianisme réhabilite le travail, par la puissance de l’exemple. Mais ce n’était pas assez de l’honorer, il fallait le reconsti-