Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/67

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tuer il fallait le désintéresser, en apprenant aux hommes le travail en commun, les uns pour les autres. C’est ce que fit le christianisme dans les communautés monastiques. Dès le principe, saint Basile avait prescrit à ses moines-le travail des mains, et afin que le jeûne ne devînt pas obstacle au travail « Si le jeûne vous interdit le labeur, dit-il, il vaut mieux manger comme des ouvriers du Christ que vous êtes. » Saint Augustin, dans son livre de Opere monachorum , répond à ces’ moines superbes qui dans leur monastère se croyaient déchargés de l’obligation du travail imposée au premier homme et qui se répétaient : « Le Christ n’at-il pas dit de faire comme les oiseaux du ciel, qui ne travaillent pas, ou comme les lis des champs, qui ne filent pas et n’en sont pas moins aussi bien vêtus que Salomon[1] ? » En réponse à ces objections, saint Augustin consacre son livre à démontrer la dignité, la majesté du travail des mains ; il a cela de souverainement respectable qu’il n’absorbe pas tout entier, qu’il n' empêche pas la méditation. Les oiseaux ne sèment pas, n’amassent pas, mais ils n’ont pas vos palais ; ils n’ont pas vos greniers, ils n’ont pas vos serviteurs, pourquoi en auriez-vous ? Il déclare que si l’on voit arriver au monastère un grand nombre d’esclaves qui demandent a y entrer, il faut leur ouvrir les portes à

  1. Matth., VI, 28-29