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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/69

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certains jours, à des banquets et pour se donner du plaisir. Voilà quelle avait été la pensée primitive des corporations ouvrières dans la société païenne.

Il fallait le christianisme pour les sauver et les régénérer par des principes nouveaux, et il réussit. L’empire tombe, et on voit les collegia, les scholae, se multiplier. Constituées bientôt a Rome, à Ravenne, dans toutes les villes de l’exarchat et de la Pentapole, ces corporations armées achèveront de briser la puissance des empereurs d’Orient, sauveront la papauté des périls qu’elle court au commencement du huitième siècle, et constitueront les premiers éléments de ces communes, destinées à devenir si. fortes et si glorieuses. Et un signe que le christianisme est avec elles, qu’une pensée meilleure que la pensée de la jouissance inspire leurs délibérations, c’est le dévouement qui les pousse à mourir sur le champ de bataille, lorsqu’il s’agit de résister aux invasions de la Germanie, de défendre les libertés guelfes, qui sont les libertés religieuses. Plus tard, je reconnais encore le signe civilisateur et chrétien dont elles sont marquées, à cette passion des corporations florentines et des autres corporations italiennes pour les arts, pour le beau, pour la poésie, pour.tout ce qui est grand. Ce sont en effet des corporations d’ouvriers qui bâtiront l’église de Or San Michele à Florence, ce noble monument de la grandeur républicaine.