Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/71

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vreté Voilà comment la pauvreté allait prendre le rang qui lui était assigné dans l’économie divine elle devenait la cheville ouvrière de la société chrétienne. Ce n’est pas tout il fallait la secourir et la soulager par l’assistance. L’antiquité avait eu un système d’assistance publique elle avait eu les lois frumentaires de César et les distributions impériales. Aurélien aimait le peuple[1]. et voulait que ces distributions fussent faites tous les jours, que tous les jours on donnât aux pauvres une couronne de pain de deux livres, du lard et du vin et le préfet du prétoire lui disait : « Si vous continuez ainsi, il n’y a pas de raison pour ne pas leur donner du poulet et des oies ! » Le préfet avait raison, car les pauvres de Rome n’étaient secourus qu’au préjudice des pauvres des provinces, et nos aïeux les Gaulois suaient sang et eau pour nourrir cette société affamée, inscrite sur le registre du cens. A Rome l’aumône n’était un devoir pour personne, c’était un droit pour tous. Le christianisme fit tout le contraire dans l’économie chrétienne, l’aumône n’est un droit pour personne et est un devoir pour tout le monde. Elle est un devoir sacré, un précepte et non pas simplement, un conseil si bien

  1. EXTRAIT DES NOTES DE LA LEÇON. Le christianisme crée le premier peuple. A vrai dire il n’y a pas de peuple à Athènes, à Rome, ou plutôt il y en a trois, les citoyens, les étrangers, les esclaves : Seule l’Eglise parlait sincèrement quand elle adressait ses instructions clero et populo.