Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/78

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verra commencer les hôpitaux de Clermont, d’Autun, de Paris. Bientôt ils se multiplieront avec une, admirable prodigalité, et le temps viendra où il n’y aura pas de commune chrétienne qui, à côté de son église, n’ait un asile ouvert à la douleur. Saint Grégoire de Nazianze, racontant la fondation du grand hôpital de Césarée par saint Basile, s’écrie qu’il aperçoit des merveilles supérieures à toutes celles de l’antiquité, aux murs de Thèbes ou de Babylone avec ses jardins suspendus, au monument de Mausole, aux pyramides d’Egypte, tombeaux magnifiques, mais qui n’ont pu rendre la vie a un seul des rois qui y était ensevelis, et dont il n’est revenu à leurs fondateurs qu’un peu de vaine gloire. Saint Grégoire avait raison. L’antiquité nous a surpassés en élevant des monuments au plaisir ; quand je vois nos villes de boue et de fange, nos maisons entassées les unes sur les autres et la condition dure et misérable faite à ces populations emprisonnées dans les murs d’une cité, je me dis que, si les anciens revenaient, ils nous trouveraient barbares, et si nous leur montrions nos théâtres, ces petites salles enfumées où nous nous pressons les uns contre les autres, ils se retireraient sans doute avec dégoût. Eux, ils entendaient bien mieux l’art de jouir, rien ne leur coûtait pour élever leurs colisées, leurs théâtres, leurs cirques où venaient s’asseoir les spectateurs.par nombre de quatre-vingt mille ; ils savaient mieux l’art de jouir, mais nous les écra-