Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/77

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il répresentait le mariage de saint François et de la Pauvreté.

Ce sentiment, les barbares ne l’avaient pas connu, pas plus que l’amour du travail et la pitié pour l’esclavage. Les barbares avaient le sentiment de la dignité humaine, mais de la dignité de l’homme libre, de l’homme qui avait de l’or et un glaive. Quant à l’esclave, ils le plaçaient, sans doute, dans une condition moins dure, moins odieuse que les lois romaines, mais dans une condition où il dépendait du caprice du maître, qui pouvait trancher la vie du serviteur inutile : En ce qui concerne la pauvreté, ils croyaient que le Valhalla ne s’ouvrait pas si l’on n’avait les mains pleines d’or. Ils ne méprisaient pas moins le travail car travailler, c’était s’enchaîner, se vaincre, et le barbare sut vaincre toutes choses hormis lui-même. L’esclavage, la pauvreté et le travail, que l’antiquité avait déshonorés et flétris, la barbarie ne devait pas les relever. Ce ne fut, au contraire, que par de longs combats que le christianisme parvint, peu à peu, à rendre leur dignité à ces trois types de l’humanité qui avaient été si longtemps insultés, méconnus par l’injustice de la civilisation ancienne et foulés aux pieds par l’injustice de la barbarie. Il fallut de longs siècles pour que s’élèvassent dans les pays barbares quelques hôpitaux. Au sixième siècle, à Lyon, s’ouvrira ce grand hôtel-Dieu qui depuis ne s’est jamais fermé ; le septième siècle