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cause de leur prépondérance incontestée, je veux dire la papauté et le monachisme. Il faut remonter à leur origine, considérer ce qu’était leur force au moment où elles furent appelées à l’exercer, voir si elles la déployèrent pour le salut ou pour la corruption du genre humain.

Ce n’est pas le lieu de renouveler les anciennes controverses relatives à l’origine de la papauté ; l’équité moderne a réduit les exagérations passionnées de nos devanciers, et aujourd’hui on ne regarde plus la papauté comme une usurpation préméditée et coupable de quelques prêtres ambitieux. Une critique plus impartiale l’a considérée comme l’œuvre historique des siècles, comme la conséquence temporaire d’un certain développement que devait traverser le christianisme. Le christianisme commence, dit-on, à faire son avènement dans les consciences, dans la solitude intérieure de la personne humaine, et le chrétien des premiers siècles, du temps des apôtres, se suffit à lui-même ; il est son propre roi et son propre prêtre. Plus tard, il éprouve le besoin d’un rapprochement, et en même temps celui d’une autorité et d’une règle commune, et, vers la fin du premier siècle, le clergé se sépare et se distingue du peuple. C’est au second siècle seulement qu’on voit se détacher, dominer la puissance épiscopale ; au troisième siècle, les évêques des différentes villes se subordonnent naturellement aux métropoles des pro-