Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/83

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chasteté de l’homme, seule garde qui ait jamais mis à l’abri la pudeur des femmes. Elle avait fait un partage inégal des devoirs : de la femme, elle exigeait la virginité avant le mariage, la fidélité pendant, la pureté toujours ; mais ces vertus étaient celles du gynécée, l’homme ne les connaissait pas. Et la société ne se chargeait-elle pas de donner aux femmes des leçons bien différentes et bien dangereuses, lorsqu’elle les admettait aux cérémonies du culte, aux mystères de la bonne déesse ? Le mariage constituait encore l’inégalité dans la condition la meilleure condition que la loi romaine eût faite à la femme, le jour où les époux étaient unis par les cérémonies de la confarréation, en présence des auspices, avec le concours de tous les dieux, c’était d’être mater familias, d’être traitée comme la fille du mari, d’avoir un jour, à la division de l’héritage, une part d’enfant. C’était là tout ce que la majesté de l’homme avait pu faire pour la femme : de la traiter comme un enfant, de lui donner des plaisirs d’enfant, des jouets et un luxe qui charmaient une imagination sans culture. De là les plaintes des philosophes sur le luxe insolent des femmes romaines, sur ces créatures débiles dont le pied ne peut toucher la terre ; qui, pour franchir la moindre distance, ont besoin d’être portées sur le bras des eunuques, et étalent à leurs oreilles le prix de plusieurs patrimoines : tout cela parce que la femme n’était qu’un instrument de