Aller au contenu

Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaisir ; j’oubliais qu’elle était aussi l’instrument de la perpétuité de la famille.

Le Romain honnête, homme de bien, se marie pour avoir des enfants, liberorum quaerendorum causa. C’est la loi elle-même qui favorise la paternité et la maternité en attribuant des privilèges à ceux qui ont donné trois enfants à l’État, jus trium liberorum. C’est à ces deux conditions que la femme a sa place au foyer domestique, plaire et propager. Si la femme devient vieille, stérile, si des rides paraissent sur son front, les portes du domicile conjugal s’ouvrent, et l’affranchi vient lui signifier qu’elle plie bagage : Collige sarcinulas, dicet liberius, et exi.[1]

Une union aussi inégale ne pouvait pas être éternelle, et le divorce, introduit dans les lois romaines, fut pratiqué sous toutes les formes et pour tous les motifs. Il y avait le divorce des gens de bien, le divorce par lassitude, le divorce de ceux qui changeaient de femme chaque année. Il y avait le divorce par calcul, comme le prouve Cicéron, qui répudia Térentia, non qu’elle eût en rien contristé son âme, mais parce qu’il lui fallait une nouvelle dot pour satisfaire ses créanciers ; enfin, il y avait le divorce par générosité, comme celui de Caton, qui, ayant trouvé que sa femme Marcia plaisait son ami Hortensius, la lui transféra à titre d’épouse.

  1. Juv. sat VI, v 147