Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/85

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Voilà la place que le mariage faisait aux femmes mais la femme trouve sa vengeance dans l’iniquité même de la loi ce divorce, elle s’en arme à son tour, et le fait servir à ses intérêts et à ses calculs. De là cette impudeur des femmes qui, au temps de Sénèque, se prévalent du divorce avec la même ardeur que les hommes, et comptent leurs années, non plus par le nombre des consuls, mais par le nombre de leurs maris[1]. Elles aussi divorcent pour se remarier, et se marient pour divorcer. Saint Jérôme raconte qu’il a assisté à l’enterrement d’une femme qui avait eu dix-sept maris. Cette égalité que les hommes n’ont pas voulue dans la vertu, les femmes la retrouvent dans le vice. On les voit, comme les hommes, s’asseoir aux orgies, passer les nuits à se gorger de vin,. vomir comme eux afin de pouvoir ensuite recommencer à boire et à manger on les voit multiplier leurs adultères à ce point que la continence n’est plus qu’une preuve de laideur[2]. Elles ont une place d’honneur dans l’amphithéâtre elles donnent, le signal de l’égorgement du dernier gladiateur qui vient se débattre à leurs pieds en demandant grâce. Lorsque enfin la frénésie des combats du cirque se sera emparée de la société romaine tout entière, quand des chevaliers et des sénateurs descendront dans l’arène les femmes les y suivront, et le peuple romain aura

  1. Sénèque, de Beneficiis I, III chap XVI
  2. Sénèque, Ep.XCVII.