Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/87

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généreuse elle ne se décharge que sur le serpent, tandis que l’homme répond à Dieu C’est la femme que vous m’avez donnée ! Mais que sont ces souvenirs et ces images en présence des souvenirs de la Rédemption, car si la femme fut l’instrument de la première faute, ne l’a-t-elle pas bien réparée en donnant le jour au Rédempteur ? Et saint Ambroise écrit avec une admirable éloquence « Approchez donc, Eve, qui maintenant vous appelez Marie, qui nous donnez l’exemple de la virginité, qui nous donnez un Dieu. Ce Dieu n’en a visité qu’une, mais il les appelle toutes[1]. » Voilà comment la théologie réhabilitait la femme chrétienne et le culte de la Vierge, commencé de bonne heure, faisait entrer cette réhabilitation dans les mœurs aussi bien que dans le dogme. Ce culte commence aux catacombes les découvertes faites jusqu’à ce jour ont constaté ce point. Dans des fresques du troisième siècle au plus tard, comme le démontre la nature de l’enduit sur lequel ces fresques sont peintes, figure déjà la Vierge avec l’Enfant. Ainsi cette image radieuse, qui devait en quelque sorte couvrir de ses rayons la déchéance des femmes, brillait déjà dans les ténèbres du christianisme primitif, du christianisme souterrain, et ne devait en sortir qu’accompagnée de ce cortége de vierges et de martyres auxquelles les chrétiens donnaient

  1. S. Ambr., de Institutione virginis, c.V