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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/90

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mariées et le viol des filles libres ; ils leur livrent les esclaves et le lupanar.Chez nous, ce qu’on défend aux femmes, on ne le permet point aux hommes, et sous un même devoir, l’obéissance «  est égale.[1]  : »

Voilà ce qui rendait le christianisme lourd au monde païen, ce qui le rendait lourd aux Juifs, lourd aux barbares, et je le dis, voilà ce qui rend le christianisme lourd à nos contemporains.’C’est cette égalité glorieuse dans l’humiliation volontaire de la force, ce partage commun de la force et de la faiblesse portant ensemble le même joug, qui fit que le monde eut de la peine à subir cette foi. C’est ce qui éclate dans l’Évangile même. Quand le Christ dit une parole semblable, ses apôtres répondent « S’il en est ainsi, mieux vaux donc ne se marier jamais. » Aussi on voit les Pères, dans les premiers, temps occupés à faire pénétrer ces maximes sévères dans les cœurs révoltés des chrétiens eux-mêmes ; on les voit, pour ainsi dire, faire la police de ces familles chrétiennes, dans lesquelles le concubinage entre toujours par une porte pour bannir la femme qu’ils ont voulu installer-reine du foyer domestique, et ne se tenant satisfaits que lorsqu’ils se sont assurés qu’une seule reine est assise désormais dans la, maison, et que la place que Dieu lui a marquée ne sera plus prise

  1. S. Hieronymus, ad Oceanum de morte Fabiolae,Ep LXXVII.