Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/117

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rendit à Luxeuil ; il voulut forcer la clôture, pénétrer dans les lieux réguliers du monastère ; et comme le serviteur de Dieu l’accablait de reproches : « Je ne suis pas assez fou, s’écria-t-il, pour te donner la couronne du martyre » et l’ayant d’abord exilé à Besançon, il le fit ensuite conduire à Nantes, pour le renvoyer en Irlande. Mais la mer repoussa le navire ; et le saint, abandonné par ses gardes, traversa la Neustrie et passa auprès du roi Théodebert d’Austrasie, qui le pressa d’évangéliser les païens des frontières[1].

Colomban, rejeté par les chrétiens, avait une autre mission chez les infidèles. Le souvenir des peuples qui ne connaissaient pas le Christ le poursuivait dans le sommeil ; il hésitait entre les Germains et les Slaves, lorsqu’un ange lui apparut en songe, et, traçant un cercle : « Voici le monde devant toi, dit-il ; prends à droite ou à , gauche, mais ne t’écarte pas de ta route, si tu veux manger le fruit de tes sueurs.» Le saint, accompagné d’un petit nombre de disciples, se dirigea donc vers le pays des Àlemans ; il remonta le Rhin, suivit le cours de l’Aar et de la Limnat jusqu’au delà de Zurich, et s’arrêta enfin près du lac de Constance, dans un endroit fertile couronné de montagnes, au milieu des ruines de la ville ro-

  1. Fredegar. Chronicon Vita S. Columbae  : «Cui Brunechildis « Regis sunt filii : hos tu benedictione robora.  » At ille : « Nequaquam, inquit, istos regalia et sceptra suscepturos scias, qui de a lupanaribus emerserunt. » Illa furens parvulos abire jubet. »