Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/149

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besoins de la jurisprudence, elle prenait lentement la forme et l’esprit des législations savantes. On voit ce progrès dans un des prologues de la loi salique, dont on peut contester la date, mais où il faut au moins reconnaître la trace d’une tradition nationale « Au temps où Thierri, roi des Francs, était à Châlons, il choisit dans son royaume des hommes sages, instruits des anciennes lois, et leur ordonna d’écrire sous sa dictée le droit des Francs (Ripuaires), des Alemans, des Bavarois et de toutes les nations qui étaient sous sa puissance, selon la coutume de chacune d’elles. Il ajouta ce qu’il fallait ajouter, retrancha ce qui était mal à propos et ce qui était selon l’ancienne coutume païenne, il le changea selon la loi des chrétiens. Et tout ce que le roi Thierri ne put amender, à cause de la coutume enracinée des païens, fut corrigé après lui, d’abord par le roi Childebert, par le roi Clotaire ensuite. Le très-glorieux Dagobert renouvela ces lois par le ministère des hommes illustres, Claudius, Chadoin, Magnus et Agilulf ; les rendit meilleures et les donna par écrit à chaque nation. Or, les lois sont faites afin que leur poursuite ne laisse pas de repos à la malice humaine ; afin que l’innocence soit en sécurité parmi les méchants, que les méchants redoutent les supplices et qu’ils mettent un frein à la passion de mal faire. » Parcourez en effet les codes des trois peuples le fond païen s’y fait toujours sentir, mais vous