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annonçant qu’ils venaient de Rome, chargés des promesses de la vie éternelle. Le roi Ethelbert de Kent les reçut en plein air, pour éviter les sortiléges que ces prêtres d’un autre dieu auraient pu lui jeter, les écouta avec attention, et leur permit de prêcher à son peuple. Quelque temps après, le roi, touché de leur sainte vie, décidé d’ailleurs par la reine Berthe, chrétienne et fille du roi des Francs, se rendit, et demanda le baptême. Le jour de Noël de l’année 597, Augustin, sacré archevêque de Cantorbéry, baptisa dix mille infidèles. Il parcourut ensuite tout le pays, régénérant les païens dans l’eau des rivières, laissant des prêtres aux peuples convertis et saint Grégoire le Grand, à la nouvelle de ce succès, put s’écrier : « Voici que la langue des Bretons, qui n’avait que des frémissements barbares, fait retentir les louanges du Seigneur, et répète l’Alleluia des Hébreux. Voici que l’Océan avec ses orages se courbe sous les pieds des saints, et la parole du prêtre enchaîne les flots que l’épée des empereurs n’avait pu dompter[1]».

Saint Augustin de Cantorbéry et les Bretons.

Mais si les flots obéissaient, et si les rois barbares se laissaient fléchir, les missionnaires de Rome trouvèrent une résistance inattendue chez le clergé breton, refoulé par la conquête dans le pays de

  1. Bède, Historia ecclesiastica, I, 25 sqq. Johannes diaconus, I, II, 3, sqq. S. Gregor., In Job : « Ecce lingua Britanniae, quae nihil aliud noverat quam barbarum frendere, jamdudum in divinis laudibus hebraeum coepit Alleluia resonare. Ecce quondam tumidus plane substratus sanctorum pedibus servit Oceanus, » etc.