Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/182

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ment , les Irlandais, Celtes comme eux, attachés aux mêmes usages, engagés dans les mêmes controverses, mais non pas dans la même haine nationale contre les Anglo-Saxons, étaient venus, dès 654, prêter un fraternel concours aux missionnaires romains. L’évêque Aidan, disciple de saint Colomba, avait fondé dans une île de Northumberland la colonie religieuse de Lindisfarne. A son exemple, beaucoup d’hommes pieux quittèrent l’Irlande pour évangéliser les barbares. Le savoir, l’austérité, la pauvreté volontaire de ces étrangers, entraînèrent la multitude. Des cloîtres nombreux s’élevèrent pour recevoir ceux qui voulurent vivre sous leur règle ; les enfants y furent nourris dans la crainte de Dieu et dans l’étude des lettres ; et afin que ce bienfait s’étendit aux femmes, les monastères doubles se multiplièrent. L’ascétisme des Irlandais passa chez les Anglo-Saxons. Il y porta l’élévation d’esprit, la pureté de coeur, la hardiesse d’imagination qui caractérisaientles grands hommes de cette Église, l’insatiable désir de savoir qui avait fait l’éclat de ses écoles, et cette passion des pèlerinages qui avait donné le premier essor à ses missions. Deux Northumbriens, Egbert et Wigbert, poussés par le zèle d’une perfection plus haute, étaient allés visiter l’Irlande, et s’instruire sous les maîtres les plus consommés de la vie cénobitique. Ils se laissèrent gagner par ce prosélytisme dont nous avons vu les milices passer la mer et