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courir les côtes du continent. Ils se tournèrent vers les tribus païennes de la Frise, où ils obtinrent peu de fruit. Ce peuple indomptable aux armes des Francs, avait déjà fatigué inutilement le zèle de Wilfrid, évêque d’York, qui en 677 séjourna quelques mois auprès du roi des Frisons. Un peu plus tard, la prédication de saint Wulfram, archevêque de Sens, n’y trouva que des âmes endurcies. Enfin, en 690, les moines anglo-saxons Willibrord, Adalbert et Suitbert, avec neuf compagnons, abordaient aux mêmes lieux, y portaient la foi depuis les bouches du Rhin jusqu’au nord de l’Eyder, fondaient l’évêché d’Utrecht, les abbayes d’Epternach, d’Egmont, de Keyserswerth et par des succès durables, sur une terre jusque-là rebelle à tous les efforts de l’apostolat, ils firent connaître ce que le christianisme pouvait attendre de la nation anglosaxonne[1].

Ce qui fit le succès des missions anglo-saxonnes.

Trois causes levaient devant les missionnaires anglo-saxons les obstacles qui avaient arrêté les

  1. Bède, Hist. eccles., III, 3, 13, 27 ; V, 9. Vita Wilfridi, ap. Mabillon. Vita Suitberti, ap. Leibnitz, Scriptores, II, p. 225. Vita Willibrordi, ap. Mabillon, A. 0. S. B., III, 1o pars, p. 605). Vita Wulframi, ap.Mabillon, ibid., 357. Rettberg, ¨Kirchengeschichte, t. II, p. 496 et suiv. Lingard, Antiquites, t. II ; Wright, t. 1. Je n’ai pas rapporté l’histoire du baptême de Ratbod, et comment le duc des Frisons, au moment de recevoir l’eau sainte, retira le pied du bassin baptismal, en déclarant qu’il aimait mieux passer l’éternité en enfer avec ses glorieux ancêtres, qu’au ciel avec une poignée de mendiants chrétiens. Rettberg, p. 515, a démontre qu’on ne peut accorder aucune valeur historique à la légende de saint Wulfram.