Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/239

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complir ce qu’elle avait pressenti lorsque les soldats d’Alaric rapportèrent en pompe les vases sacrés dans la basilique de Saint-Pierre. Rome vit recommencer son empire sur ces nations mêmes qui l’avaient renversé ; elle vit un pontife saxon agenouillé, au nom de la Germanie, aux pieds d’un citoyen romain. Le représentant des barbares se releva délégué du Vatican. Ce proconsul des temps nouveaux, sans licteurs, sans glaive et sans fisc, portait avec lui le génie législatif du vieux sénat. Pendant trente-sept ans il poursuivit les desseins de cette politique romaine dont il s’était fait le serviteur. Les hommes du Nord reçurent la domination bienfaisante qui venait à eux, non plus avec les aigles, mais avec les symboles de la colombe et de l’agneau. Ils sortirent de l’incertitude entre l’idolâtrie et l’Évangile, ou ils avaient hésité durant quatre cents ans. Le légat du siège apostolique renouvela l’onction des rois de Juda sur le front des ducs austrasiens. Les Francs, confirmés dans leur mission, se trouvèrent, comme la Providence les avait voulus, les défenseurs de l’Église, les continuateurs des Romains, et l’obstacle invincible des invasions ; et tous les pouvoirs semblèrent réunis pour inaugurer le règne de Charlemagne.